QUID THE FRENCH BIG BROTHER ?

Les services de renseignement français ont aussi des grandes oreilles qui fonctionnent à plein régime comme la NSA.  D’après le journal Le Monde ce sont les SMS, Facebook, Twitter et télécommunications en général qui intéressent la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). La boulimie d’interceptions des données des espions "made in France" ne serait donc pas moins gargantuesque que celle de leurs homologues américains. Ce sont, en effet, des milliards de milliards de données qui sont stockées sur trois étages au siège de la DGSE, assure Le Monde.

Le “Big Brother” français recueille exclusivement les métadonnées (en-tête de mails, numéros de téléphone de l’expéditeur et de celui qui reçoit un SMS, adresse IP des ordinateurs d’où sont postés des messages sur Facebook, Google+ ou autres, etc.). La DGSE n’a pas accès aux contenus des conversations contrairement à la NSA. Pourtant, les espions hexagonaux ne sont pas plus pudiques que leurs homologues américains. Simplement, les moyens techniques à leur disposition ne sont pas les mêmes. Ils collectent en fait les signaux électromagnétiques émis par les téléphones et ordinateurs et les décryptent. La NSA, quant à elle, peut intimer l’ordre aux géants du Web - dont les sièges et serveurs sont aux États-Unis - de leur fournir vidéos, mails, communications Skype et autres.

La DGSE n’a pas les reins financiers de la NSA. Le service français dispose d’un budget d’un peu plus de 600 millions d’euros pour toutes ses activités alors que les spécialistes américains de l’espionnage technologique ont huit milliards de dollars par an à leur disposition. Pour des raisons budgétaires, la DGSE ne peut sûrement pas se permettre de surveiller autant de monde que la NSA et ne doit pas avoir les mêmes moyens humains pour traiter les données.

Le renseignement électronique n’est considéré en France que comme un complément du travail humain sur le terrain. Aux États-Unis, l’interception d’un maximum d’informations est la priorité des services de renseignement. Aux États-Unis, les données collectées dans le cadre de Prism sont considérées comme des informations à part entière quand en France, elles viennent plutôt compléter ou préciser des renseignements obtenus grâce à des enquêtes de terrain. Les métadonnées collectées permettent de dessiner d’immenses graphes de relations entre les personnes à partir de leurs activités numériques. Elles permettent de renforcer les recherches effectuées par les services de renseignement sur des groupes ou personnes “jugés intéressants”.

 La cyber-surveillance de la DGSE est au mieux “a-légale” - en dehors de tout cadre juridique - et au pire, "probablement illégale". Personne n’exerce, d’après les informations obtenues par Le Monde, de vrai contrôle sur ce programme. La situation est différente aux États-Unis : l’espionnage sous couvert de programme Prism est encadré par la loi. Une cour secrète, la Foreign Intelligence Surveillance Court (FISC) - la Cour de surveillance du renseignement extérieur), contrôle, en outre, qu’il n’y a pas d’abus. Sur le papier, les libertés individuelles des citoyens américains sont donc mieux garanties que celles des Français.

La version officielle de la Maison Blanche est que Prism sert avant tout à lutter contre le terrorisme. Pour la DGSE, si la lutte contre le terrorisme est probablement l’une des finalités du programme de surveillance, rien ne dit que les interceptions de données ne servent pas à autre chose. D’ailleurs la diversité des organismes qui puisent, d’après Le Monde, dans cette base de données laisse supposer que les services de l’État n’y cherchent pas que des terroristes. Le fait que Tracfin [le service de lutte contre le blanchiment d’argent, NDLR] ou les douanes y auraient accès peut signifier que ces données sont aussi utilisées dans la lutte, par exemple, contre la fraude fiscale.

Les États-Unis utilisent probablement Prism dans un cadre beaucoup plus large. Dans les années 90, le programme américain de surveillance par satellite des communications Echelon s’intéressait à un large éventail d’informations, notamment dans le cadre de l’espionnage économique.

 

 

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