L'AFRIQUE: L'ECHIQUIER DE LUTTES D'INFLUENCE AUX MULTIPLES FACETTES
Selon le FMI, 22 pays subsahariens atteindront à l’horizon de 2015 un PIB par habitant suffisant pour voir s’y développer une consommation de masse. Industrie automobile, informatique ou même enseignement supérieur, les marchés potentiels attisent toutes les convoitises.
Sans constituer un nouvel eldorado, l’Afrique et ses ressources ne représentent pas moins un nouvel échiquier stratégique de luttes d’influence aux multiples facettes, et apparaît comme le dernier grand marché à conquérir. D’autant plus que la faible capacité des Etats africains à assurer l’exploitation de leurs ressources ne peut qu’inciter de nombreux pays à y investir massivement.
Chine : En se retirant et en se désintéressant de l’Afrique, les Européens ont favorisé le chaos, puis facilité la pénétration chinoise. Cette pénétration n’est pas nouvelle, loin s’en faut. Ainsi de la fameuse « Chinafrique », ce néologisme qui désigne l’ensemble des relations diplomatiques et socio-économiques entre la Chine et le continent africain. La stratégie d’influence chinoise repose sur le pragmatisme. La Chine revendique la solidarité des Suds, apporte cet argent qui manque cruellement et une coopération technique généreuse, en échange de richesses dont elle est avide pour financer sa croissance record. Cependant de plus en plus de gouvernements ont l’impression d’une exploitation éhontée par la Chine de leurs richesses et de la main d’œuvre africaine.
Inde : L’Inde est également très présente mais sur un mode plus original. Ce sont en effet les entreprises et non l’Etat qui ont les premières compris le potentiel commercial que pouvait représenter l’Afrique. Le gouvernement indien entend comme les autres sécuriser ses approvisionnements en ressources stratégiques. Il s’appuie pour cela sur un secteur privé déjà fortement implanté pour vanter les mérites d’une coopération gagnant-gagnant avec une critique sous-jacente de la politique chinoise.
Etats-Unis : Les Etats-Unis adeptes du soft power tentent de regagner du terrain en misant sur les limites de la Chinafrique. Ils proposent ainsi davantage de coopération et de partage des ressources aux gouvernements locaux, le partenariat plutôt que l’assistanat, la thèse centrale américaine étant que la malédiction des matières premières n’est pas une fatalité. Dans le discours, la promotion de la démocratie reste essentielle, car présentée comme le seul moyen de réduire les inégalités et d’assurer la prospérité. Les Américains se montrent prudents, conscients qu’un multipartisme trop rapidement imposé risquerait de renforcer un clientélisme ethnique encore très présent, au détriment du respect des minorités. Outre les classiques accords bilatéraux, Washington use de l’influence pour s’ouvrir de nouveaux marchés, notamment via l’aide humanitaire et l’envoi de missions évangéliques.
Japon : Le Japon a annoncé tout récemment le doublement, à 10, du nombre de bureaux africains de l'Organisation japonaise du commerce extérieur (Jetro), 20 milliards de dollars pour garantir les opérations engagées par les entreprises nippones, et la multiplication des partenariats public-privé. Par ailleurs le Japon a promis 32 milliards de dollars d'aide pour les cinq prochaines années, dont 14 milliards de dollars d'aide publique au développement. En plus de l'enveloppe évoquée, le Japon investira 6,5 milliards de dollars dans les projets d'infrastructure, financera des formations de techniciens locaux, recrutés par des entreprises nippones implantées en Afrique et soutiendra le secteur agricole
Corée du Sud : La Corée du Sud est généralement vue comme plus discrète en Afrique, comparée à ses deux voisins directs la Chine et le Japon. Elle n’en défend pas moins ses intérêts dans ce continent aux immenses ressources. Séoul investit également massivement dans l’économie africaine. Pour convaincre les entreprises coréennes de s’engager sur le marché africain, le gouvernement accorde également des prêts. Mais la Corée ne veut pas être un partenaire comme les autres. Elle tient à se différencier des Occidentaux en partageant son expérience. La coopération se fait principalement dans le domaine de l’industrie, de l’éducation et de l’agriculture.
Brésil : Le Brésil considère le développement de relations spéciales avec l’Afrique comme stratégique dans sa politique étrangère. Les échanges commerciaux entre le Brésil et le continent africain ont été de quelque 25 milliards de dollars en 2012.
France : L’arrivée des Emergents en Afrique bouscule les sphères d’influence des ex-puissances d’influence traditionnelles. A commencer par la France écartelée entre mauvaise conscience et nécessité économique, ambition et réduction de ses moyens d’action. L’influence française est liée pour l’essentiel à ses entreprises et l’Etat semble en quête d’une stratégie cohérente. Deux outils semblent privilégiés : la francophonie et la diplomatie économique d’une part et l’Europe d’autre part.
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