LA STRATEGIE DES '4P' REVISITEE

La prolifération des niveaux de gouvernance, la multiplicité des circuits de décision, le foisonnement des textes à l'étude, la technicité des mesures à appliquer contraignent les acteurs privés et publics à réfléchir aux méthodes de défense et de promotion des intérêts qu'ils soient particuliers ou nationaux, général ou communautaire.  La stratégie des '4P' renvoie aux quatre éléments clefs de toute action de lobbying: procédures, problèmes, personnes, positions. Les procédures car il convient d'organiser le travail de veille et de vigilance, et de prévoir l'intervention le plus en amont possible; Les problèmes car il faut être conscient des risques à éviter et des intérêts à sauvegarder; Les personnes, car il est nécessaire de connaître les cibles à toucher à tous les niveaux de prise de décision; Les positions, car il convient d'apprécier les possibilités d'alliance et les capacités de négociations de chacun des interlocuteurs, qu'ils soeint des alliés, des rivaux, ou des cibles. Cette stratégie des '4P' implique une démarche qui se décline en quatre temps: Le premier, celui du mapping, suppose d'entrer en relation avec les personnes impliquées dans le dossier considéré: les hommes politiques qui s'intéressent à la question, les fonctionnaires qui instruisent le dossier, les représentants qui participent à la préparation des textes, les experts qui donnent une aura technique aux discours politiques, les organisations professionnelles qui canalisent les demandes, les journalistes qui construisent le discours ambiant. Le deuxième temps est celui de la veille: le lobbyiste se doit d'établir et de maintenir les contacts, de recueillir et d'analyser les informations, d'identifier et d'évaluer les conséquences en termes de menaces ou d'opportunités. Le troisième temps est celui de l'influence: c'est la nature de l'action qu'il convient de définir en étudiant les forces en présence et en concluant des alliances, en définissant des objectifs à atteindre et en mesurant les moyens à employer, en construisant des argumentaires et en médiatisant les positions. Le quatrième temps est celui du suivi, où le lobbyiste se doit de considérer les impacts de son action, en vue de modeler ses interventions à venir. Pour la note finale, il convient de souligner que le déplacement des centres de pouvoir au niveau européen dans de nombreux secteurs a produit une prolifération du lobbying au niveau supranational, tout en intensifiant également le lobbying au niveau national. Car il est nécessaire d'influencer non seulement les organes intégratifs (Commission, Parlement européen) mais encore les organes intergouvernementaux tels le Conseil et les comités qui en résultent, dont les pouvoirs demeurent prégnants en dépit de la codécision. D'ailleurs, les gouvernementaux nationaux sont de plus en plus conscients de la nécessitén de renforcer leurs liens avec les groupes de pression nationaux, afin de coordonner le lobbying national auprès des instances européennes.        

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