L’EFFONDREMENT DU LIBAN

Le Liban traverse la pire crise économique de son histoire. La monnaie nationale perd chaque jour de sa valeur face au dollar. Les entreprises, les magasins ferment. Le chômage explose. Près de la moitié de la population vit désormais dans la pauvreté. Le gouvernement a appelé le Fonds Monétaire International à l'aide, mais il ne parvient pas à présenter des chiffres fiables de son endettement.

Pour la population, cette crise économique se manifeste d’abord par l’explosion des prix des denrées de base. Le Liban importe plus de 80% des produits qu’il consomme. La valeur d’un dollar américain est passée de 1500 à 8000 livres libanaises sur le marché noir. Il n’y a plus de taux de change officiel. Le prix du kilo de bœuf est passé en quelques mois de 18.000 à 50.000 livres libanaises. La moitié des boucheries ont fermé. Avec l’augmentation des prix, le pouvoir d’achat s’est effondré.

Et ceux qui avaient des économies ne sont pas à l’abri. Les agences ont cessé depuis le début de l’année de permettre aux épargnants de retirer leur argent en dollars. L’argent est donné en livres libanaises, à des taux entre 1500 et 3000 livres pour un dollar, loin de la valeur réelle de l’épargne.

Les fermetures de petites et moyennes entreprises se multiplient et le chômage devient de plus en plus important. 45% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté. Certains hôpitaux n’acceptent plus les malades du Covid-19 par manque de moyens. Les pénuries d’essence et d’électricité handicapent les entreprises et les particuliers.

La corruption est une maladie qui gangrène l’économie libanaise. Dans le système libanais, le clientélisme joue un rôle important. Il prévoit une distribution des postes et des contrats entre les représentants des différentes communautés. Cela épuise le budget et empêche un bon contrôle des dépenses. Le système judiciaire, qui manque d’indépendance, ne parvient pas à enquêter pour débusquer les responsables politiques corrompus et leur entourage.

Les revenus de l’Etat sont très faibles, en raison de la fraude fiscale et de cette corruption. Depuis le mois de mars, l’Etat est en faillite : il a cessé de rembourser le service de la dette. Le Liban sollicite désormais une aide du Fonds monétaire International, sur la base d’un plan de sauvetage. Mais des désaccords internes persistent, notamment sur les pertes à faire assumer au secteur financier.

Le FMI a mis en garde le Liban : plus les responsables perdent du temps, plus le redressement du pays sera difficile. Et avant l’octroi d’une aide, il négociera une restructuration du secteur bancaire hypertrophié et des réformes économiques pour réduire la dépendance du pays aux importations.

Cette discussion avec le FMI révèle toutes les illusions qui existent au sein de la classe politique déconnectée de la souffrance des gens. A chaque grande crise dans le pays, les responsables considèrent qu’il va y avoir un sauvetage de l’extérieur : soit la France va mobiliser les amis du Liban, soit le FMI, la Banque mondiale et d’autres institutions vont injecter quelques milliards dollars, soit les pays du Golfe vont verser de l’argent pour calmer la situation. Aujourd’hui, les pays du Golfe n’injectent plus d’argent. Ils ont d’autres priorités. La France avait mobilisé 11 milliards de dollars il y a deux ans. C’est insuffisant au regard des 50 milliards que les spécialistes jugent nécessaires pour redresser le pays. Même cet argent promis par la France n’a pas été versé, parce que les conditions prévues n’ont pas été respectées. 

Le Liban n’a peut-être pas encore touché le fond.  Si la perte de valeur de la monnaie se poursuit, s’il y a de moins en moins de produits présents sur le marché, si les blackouts électriques se multiplient, si le prix du pain augmente encore, on peut voir les choses se détériorer, et des actes violents apparaître.

Lebanese Economy

  1. Population : 6.08 million (892, 310 Syrian refugees)
  2. Poverty Rate : 45%
  3. Unemployment : 35%
  4. Inflation : 55%
  5. GDP Growth : -12% (2020)
  6. Public Debt : 178% (2020)

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