DE GAULLE ET L'URSS
Le général de Gaulle, s'il condamne toutes les formes de totalitarisme, n'en demeure pas moins ouvert au monde soviétique, qu'il soit le puissant allié de la Deuxième Guerre mondiale, ou l'ennemi de l'Occident lors de la Guerre froide qu'il ne désespère pas de faire évoluer vers une forme de libéralisation permettant un dialogue européen "de l'Atlantique à l'Oural". Refusant toutes les formes d'hégémonie, et plus particulièrement celles qu'exercent les Américains, il pousse la France à ouvrir un dialogue direct avec les pays de l'Est.
De retour au pouvoir en 1958, de Gaulle engage une politique où la France doit peser sur le destin du monde et être capable de défendre elle-même ses intérêts. Il refuse la domination des deux blocs, soviétique et américain : la primauté de l'État-nation est pour lui essentielle. C'est pourquoi il décide de sortir progressivement de l'OTAN (sous contrôle américain), processus parallèle à la constitution d'une force nucléaire. C'est aussi la raison pour laquelle il tente de faire émerger l'Europe comme un troisième bloc indépendant, capable de devenir le médiateur entre les deux camps ennemis.
Dans le contexte de la Guerre froide, de Gaulle souhaite lier avec l'URSS des relations diplomatiques sans avoir à demander la permission de Washington. Nikita Khrouchtchev, Président du conseil des ministres de l'URSS, est reçu officiellement par le Président de la République française. C'est la première visite en France d'un chef d'Etat russe depuis la révolution de 1917.
À partir de 1963, les relations franco-soviétiques sont marquées par un rapprochement diplomatique que le contexte de la Guerre froide avait jusque-là entravé. Les visites officielles des ministres des Affaires étrangères français (Couve de Murville) et russe (Gromyko) se multiplient à partir de 1965. Il s'agit de montrer aux yeux du monde que le dialogue avec le monde communiste n'est pas l'apanage des Américains.
Mais c'est surtout le triomphal voyage que de Gaulle réalise à travers toute la Russie soviétique, en juin 1966, qui engage profondément les échanges entre Paris et Moscou : des accords commerciaux, économiques, techniques et scientifiques sont signés. Mais avant tout, l'URSS accepte l'idée d'un "télétype rouge", chargé de relier directement l'Elysée au Kremlin (la France signifiant ainsi que son rapport à l'URSS est autonome de la politique de la Maison-Blanche). En décembre 1966, c'est au tour de Kossyguine - le Premier ministre - de se rendre en France, permettant ainsi d'approfondir les accords déjà scellés.
Du 20 juin au 1er juillet 1966, le général de Gaulle accomplit un voyage officiel en URSS. Le voyage débute à Moscou, se poursuit en Sibérie, puis passe par Léningrad (Saint-Pétersbourg), Kiev et Volgograd. Le général de Gaulle prononce des discours lors de ses apparitions publiques.
La politique menée envers l'URSS n'est pas dissociable des rapports que la France entretient avec son allié américain. Refusant toutes les formes d'hégémonie, de Gaulle, sans demander l'accord des États-Unis, instaure un dialogue direct avec le monde soviétique. Il offre ainsi la possibilité à la France d'apparaître comme force indépendante dans un monde essentiellement bipolaire. Mais il ne s'agit pas moins de créer, chez les Français, un sentiment national de cohésion et de puissance, capable de surmonter les traditionnels clivages politiques, et de servir de base à l'acceptation de la politique gaullienne.
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